Expérience : prenez, dans l’école de votre choix, deux groupes d’élèves de même âge et même niveau. Enseignez le jeu d’échecs à l’un des deux groupes et faites-le lui pratiquer pendant un an ou deux. Comparez à nouveau les aptitudes des deux groupes : vous constaterez que les élèves qui ont appris les échecs ont davantage progressé que les autres. Schéma simpliste, dira-t-on : tout dépend du contexte et de ce que l’on mesure. Bien sûr, mais quand on retrouve cette même matrice du Congo au Canada en passant par le Venezuela, les Pays-Bas ou les Etats-Unis, chez de très jeunes enfants comme chez des adolescents, et que l’on teste aptitudes numériques ou verbales, esprit critique ou créativité, quotient intellectuel ou intelligence émotionnelle, on se dit que ce vénérable jeu est peut-être un outil pédagogique hors du commun. En attestent les nombreux témoignages recueillis par Maurice Ashley. Le sien, tout d’abord : il raconte comment la passion des échecs a donné un sens à la vie de l’adolescent désœuvré qu’il était à Brooklyn. Celui de ses anciens élèves aussi, qui ont trouvé grâce aux échecs les repères qui leur ont permis de redresser des trajectoires compromises. Celui, encore, des responsables et des acteurs des programmes d’enseignement du jeu d’échecs à l’école, qui se multiplient aux Etats-Unis depuis que des écoles de quartiers défavorisés ont, à la surprise générale, remporté des championnats nationaux par équipes. Celui, enfin, des enfants eux-mêmes, qui, véritables héros de ce livre, font voler les stéréotypes en éclats. Pour expliquer comment la pratique des échecs peut développer diverses qualités comme l’attention, l’imagination, le sens des responsabilités, l’estime de soi ou le respect des autres, Maurice Ashley mobilise des approches aussi différentes que la théorie du flux de Csikszentmihalyi, les 40 facteurs de développement personnel du Search Institute de Minneapolis ou la taxonomie de Bloom. Le livre contient aussi de nombreux conseils pratiques utiles aux animateurs et à tous ceux qui voudraient lancer une activité autour du jeu d’échecs. Aucune connaissance préalable du jeu d’échecs n’est requise pour lire ce livre. Et, alors qu’une convention entre le Ministère de l’Education Nationale et la Fédération Française des Echecs aspire à développer la pratique du jeu d’échecs à l’école, le livre de Maurice Ashley intéressera tous les pédagogues, parents et citoyens soucieux des questions d’éducation.